Le bureau de M. Underwood

Le mur est un énorme panorama contenant plusieurs cartes, photos et notes épinglées. Le nombre de papiers est tel que l'on ne peut trouver le moindre sens au tout. Dos au mur et face à vous se trouve le bureau de Monsieur Underwood. La salle est tirée en longueur, un tapis épais couleur ambre vous amène droit devant le bureau. Sur chaque coté, plusieurs objets insolites sont alignés. Il y a une grande plante lumineuse qui change de couleur en continu, retraçant dans l'ordre celles de l'arc en ciel. A coté se trouve plusieurs cranes de monstres imposants, sur un présentoir en bois sombre. En face, une statue taille réelle d'un homme assis, genoux reliés et les bras croisés. La statue est entièrement en cire beige, il y a une corde huilée sur le sommet de sa tête, c'est une bougie géante. Dans le fond gauche de nombreux bocaux sont empilés. Certains contiennent de petites créatures mortes, d'autres des parties seulement. Un légèrement plus en avant contient un gros œil jaune de la taille du poing. De l'autre coté, de nombreux animaux empaillés pour le moins effrayants semblent vouloir vous sauter dessus. Un boa de plusieurs mètres slalome entre eux pour venir s'arrêter à un pas de la porte, la bouche grand ouverte. Dans sa bouche se trouve le nid d'un petit oiseau. L'oiseau lui-même n'est pas là.
C'est bien un bureau de magicien comme on les imagine : remplis d'objets dont l'utilité et esthétique nous échappe.

Underwood lisait un énorme livre à la couverture de cuivre, dont s'échappaient de toutes parts des pages jaunies par le temps. Il portait sur son visage de grosses lunettes d'aviateur, lui donnant une tête de mouche. Devant les verres de ces lunettes étaient positionnés un mécanisme permettant d'insérer et de faire pivoter plusieurs lentilles convergentes. Sur son bureau était étalés des parchemins de toutes tailles, ainsi qu'un flacon d'encre dans lequel trempait une plume d'oie géante.
Le magicien claqua sa langue dans sa bouche et rumina :
" Margarette je vous ai déjà dit de... " Il s'interrompit " Oh c'est vous, euh ".
Underwood porta son doigt sur sa langue, et attrapa le marque page en tissu rouge de son grimoire pour le placer à sa page avant de refermer le livre. Il porta son regard sur Mitzrael, tout en plissant des yeux. La vision d'un vieil homme décoiffé vêtu d'énormes lunettes et prenant une telle expression donnait l'impression qu'il venait de s'échapper d'un asile.
Monsieur Underwood s'empressa de retirer ses lunettes puis tenta à nouveau la reconnaissance faciale.
" Mitzrael ! Vous voilà, en face de moi bien-sur ! Ha. " Il passa sa main dans sa barbe et murmura : " Qu'était-ce donc ? Oh, voyons. Hum. " Il prit son flacon d'encre, ôta la plume et la posa délicatement sur le bureau afin de ne pas en tacher la surface. Levant son flacon à la santé de Mitzrael, il en vida le contenu dans sa bouche avant de sourire tout en haussant les sourcils. Toutes ses dents étaient noires, on aurait dit qu'il n'en avait plus une seule.
" Oh, mais asseyez vous donc ! Comme je suis distrait. Une dame dans mon bureau et je ne lui propose pas un siège. C'est inadmissible. Ça l'est ! Ça ne l'est pas ? "
Il toussa fortement, comme si ses poumons allaient exploser. Lâchant un soupir soulagé, Underwood reporta son regard sur Mitzrael et resta figé dans une expression stupide entre insouciance et béatitude. On pouvait entendre un bruit d'horloge. Le tic tac, dura a peu près trente seconde, puis fut camouflé par une autre série de raclages de bronches. " BIEN ! " Cria-t-il soudain en faisant sursauter non seulement Mitzrael, mais le bureau lui même.
" Bien ! Si vous n'êtes pas trop pressée, j'aimerais attendre vos petits camarades avant de vous expliquer ce pourquoi vous êtes venus. J'ai deux ou trois choses à vous dire de la plus haute importance. Croyez moi, votre temps ne sera pas perdu. "

Underwood ouvrit un tiroir et sorti un petit étui bleuté. Il en extirpa la paire de lunettes qui se trouvait dedans. Il posa les lunettes sur son nez et regarda attentivement Kerwynn.
Il s'exclama : " Oh, ce cher Creve-Win Sûrion ! Mais entrez donc et venez vous assoir. Les autres ne devraient plus tarder maintenant. J'ai envoyé Harverset les chercher. "
Il n'y avait que deux sièges en face du bureau d'Underwood. L'un était destiné à Mitzrael, l'autre à une pile de livre qui l'encombraient. Underwood voulu constater de la disponibilité des sièges, il s'étira alors le cou pour ne pas avoir à se lever. " Mettez donc cela à terre, ce n'est pas grave, " lança-t-il.

Siro pénétra à son tour dans le bureau du magicien. Il balaya la pièce du regard et pu se rendre compte à quel point les mages pouvaient-être étrange. La pièce lui semblait malsaine, toutes ses animaux conservés tels des trophées... On lui avait toujours appris qu'il fallait chasser pour se nourrir ou, dans son cas, pour vendre de la viande et en vivre. Mais jamais il n'aurait eu l'idée de conserver des animaux empaillés et encore moins des morceaux dans des bocaux.

* Il doit surement voir cela d'un point de vue scientifique...mais quand même... Et puis, il y a ici des créatures que je n'avais encore jamais rencontrées, des spécimens rare ou propre à ce monde je suppose...*

Apparemment, Kahn n'était pas à son aise non plus. Le chien pouvait sentir l'odeur de la mort dans toute la pièce et il n'aimait pas ça du tout. Il s'assit aux pieds de son maitre, le dos collé à ses jambes. Comme pour le rassurer Siro lui caressa la tête.

Il reconnu sur l'une des chaises l'homme qui avait fait irruption dans sa chambre quelques minutes plus tôt et une magnifique mais étrange jeune femme sur l'autre. Elle dégageait quelque chose de spécial; de bestial. Et Siro se rendit compte assez vite qu'elle ne semblait pas à son aise elle non plus.

Néanmoins son visage ne trahissait aucune émotion et il annonça d'une voix neutre ;


"Me voici..."

S'élançant alors dans la pièce vide, il ne savait trop que penser... mais bon, après tout c'était pas n'importe quoi. Il voyait devant lui un amas de gens plutôt étranges, aux accoutrements quelque peu... extravagants?... Bref, il n'était pas mieux lui non plus, c'étaient peut-être d'autres gens comme lui après tout... des aventuriers. Il n'avait aucune envie de se faire sermonner comme il croyait que ce monsieur Underwood allait le faire premièrement, mais voyant tous ces gens devant lui... Il ne pouvait faire autre chose que de penser que c'était autre chose de plus important. Ayant entré dans la pièce dans un bruit de fracas incroyable, ouvrant la porte avec une délicatesse digne d'un titan enragé, il arrêta net toutes conversation qui avaient pu être entreprises... et d'une voix légèrement embêtée, il dit: "Eummm.... est-ce que c'est ici le bureau de monsieur Underwood?..."

Se grattant alors l'arrière de la tête avec gène, il ne pouvait faire autre chose que de rester dans le cadre de porte, un air plutôt idiot au visage... Après tout, il venait de couper la conversation plutôt violemment....

Cinq minutes pour trouver l’escalier en colimaçon.
Dix de plus pour descendre jusqu’à rez-de-chaussée.
Vingt-trois minutes avant de trouver quelqu’un à qui parler.
Seize minutes supplémentaires pour rejoindre l’endroit escompté.
En tout et partout, Ernaru Tregg marcha cinquante-quatre minutes avant d’arriver dans la salle la plus curieuse qu’il n’ait jamais vu : crânes immenses, plantes farfelues, livres aux couvertures douteuses et vieux barbu aux lunettes étranges.

Son entrée fut subtile puisque la personne le devançant de quelques pas ouvrit la porte tellement violement qu’un ours n’aurait pas réussi un boucan aussi agressif. Ce dernier resta dans le cadre de la porte qu’il avait presqu’arraché. Sans un mot d’excuse, le forgeron passa dans l’espace entre le gaffeur et le cadrage sans le gêner, en le frôlant à peine.

Il regarda les alentours, fut saisi, un moment, par la populace présente, et, ensuite, décida de prendre place sur l’unique siège libre, sans le demander à qui que se soit. Il sentit un moment des regards sur lui, lui qui n’en avait croisé aucun encore.

-Euhm. Tregg. Forgeron. Un homme m’a dit de venir. Je peux revenir plus tard, si vous êtes trop occupé.

Sur son épaule, Steve L’Éclair, le chat qu’il avait adopté involontairement quelques jours auparavant, surveillait avec effroi et une teinte de panique la bête canine. Les griffes transperçant sont survêtement noir démontraient son état d’âme.

" Oui, oui ! Hahaha ! Entrez, entrez ! " lança Underwood d'un ton joyeux. " Nous voici au complet. Dans ce cas... "
Le magicien se leva, se dirigea vers une grande étagère à tiroirs et un ouvrit un. Il inspecta le contenu, puis le referma. Il répéta l'opération avec tous les tiroirs de l'étagère tout en grommelant. Soudain il s'arrêta l'air illuminé. Il fonça vers un coffre et l'ouvrit. Il sortit cinq amulettes identiques. Il revint s'assoir à son bureau, tout en rigolant et en agitant ses amulettes l'air de dire " je les ai trouvées ".
" Ahhhahaha... Ceci mes amis, sont des Grandes Vergues. Ce sont des amulettes très précieuses que vous devrez conserver en permanence avec vous. Soyez très vigilants. "
Il tendit la main tenant les bijoux en direction de Ernaru et des autres. Les pierres noires pendantes au bout de leurs fils de cuir semblaient comme mortes.

Le forgeron vêtu de noir était davantage intéressé par les bouquins sur le banc juxtaposé qu’au locataire de ce bureau. Certains de ces livres semblaient très usés et vieux. Les pages, sans exception, étaient toutes jaunies. Que pouvaient bien déceler ces sources d’informations? Ernaru était avide de ces connaissances.

Une brise rapide et de faible amplitude démontra un mouvement sec près de son visage. Ernaru se tourna et regarda l’amulette curieuse. Il jeta un regard à Underwood qui lui tendait. Il la prit en fronçant les sourcils, questionneur, et l’enfila à son cou, sceptique. Il tint un moment le pendentif dans sa paume, l’analysant, avant de prendre parole.

-Oui. Euhm. Merci beaucoup. Et, ça sert à?

A l'instant où Ernaru Tregg mis le pendentif à son cou, la pierre noire incrustée s'illumina dans un grésillement et changea de couleur pour devenir blanche. La lumière s'estompa mais la couleur ne changea plus. L'amulette était maintenant active.
" Vous ne le saviez pas ? " interrogea Underwood l'air presque étonné. Sans doute avait-il tellement l'habitude de ses artefacts magiques qu'il trouvait étrange que quelqu'un ne les connaissent pas. " Ce sont grâce à elles que vous pourrez voyager à votre guise entre nos différents sites. Vous avez du observer avec quelle difficulté vous êtes arrivés ici, n'est ce pas ? Et bien, il est vrais que nous sommes plutôt isolés du reste du monde. Ces Grandes Vergues nous permettent de voyager sans aide extérieure. Bien entendu les destinations sont très limitées et ne touchent que les plans les plus proches. Vous les découvrirez par vous même en temps utile. "
Underwood donna à chaque personne présente un de ses colliers, puis tout en les regardant les enfiler, il leur expliqua :
" Pour voyager, il vous faudra vous rendre sur la plateforme en bas de l'escalier, au sous-sol. Vous la reconnaitrez surement rapidement : elle a une couleur bleue très caractéristique. Tenez votre amulette fermement et pensez au lieu que vous voulez visiter. Le mieux est de l'énoncer clairement à voix haute, ca marche à tous les coups. Pour l'instant vous ne pourrez aller qu'au Voyageur. "
Underwood ouvrit son tiroir de bureau et sortit trois parchemins vierges.
" Le Voyageur est une installation qui vous permettra de rejoindre chacun des sites sur les différents plans. Pour chaque site il vous faudra entrer les coordonnées en ferkien, ainsi que les polarités et la variable de projection. Mais ne vous tracassez pas avec ces détails techniques, je vous écrirai tout ce qu'il vous faudra savoir. Des questions ? "

Sieghart entra avec fracas. Tout le monde sembla se figer pendant une seconde. Siro tourna la tête pour regarder le nouvel arrivant, l'observa de haut en bas et reporta son attention sur Underwood.

Quelques secondes plus tard ce fut Ernaru Tregg qui fit son entrée



*Encore un... Décidément...*

Kahn fixait le chat posté sur l'épaule du boucher. Siro le remarquis et lui fit comprendre de rester tranquille en murmurant discrètement :



"Calme.."


Kahn cessa de fixer le félin et leva la tête vers son maitre qui le gratifia d'une caresse derrière l'oreille.

Mr. Underwood leur annonça qu'ils étaient au complet et leur distribua des artefacts magiques qu'il nomma <<Grande Vergue>>.

Siro écouta attentivement les paroles du vieux magicien. Il mit son collier après l'avoir regardé de près et le même effet se produit que quelques secondes auparavant, il scintilla et changea de couleur.

"Moi j'ai une question... Si je suis venu ici, c'est parce que les rumeurs racontes toutes plus ou moins la même chose : Si vous cherchez les gemmes...Trouvez d'abord Underwood. Et, bien que j'en doutais au départ, je suppose que tout ceux qui sont ici sont là pour les mêmes raisons que moi. Maintenant ma question est la suivante: que savez vous précisément des gemmes?"

Il observait le vieux Underwood dans ciller, le fixant dans les yeux et attendant sa réponse. Après-tout, que savait-il lui même sur les gemmes? Rien...Juste que selon les rumeurs et certaines prophéties, <<celui qui les réunis apportera la fin de la guerre>>. Siro ne savait pas que la prophétie annonçait simplement que <<celui qui les réunira apportera la fin>>...Ni combien de gemmes réunir, ni comment activer leurs pouvoirs. Il espérait bien qu'Underwood lui apporterait les réponses à ses questions.

Un claquement typique des chaussures de luxe de la Scientifique Sei retentirent sur le plancher... suivis de prêt par un déplacement rapide mais presque imperceptible du Majordome Harverset. Bien qu'étant très figé, il était possible de remarquer à quel point il était contrarié. Lui qui, malgré un laps de temps très court, avait réussit à prévenir et à faire venir à temps les aventuriers dans le bureau de Monsieur Underwood, en devant parcourir les étages faisant fi de la fatigue, il était désormais le spectateur du retard de Sei. Il n'appréciait pas le manque de ponctualité. D'autant plus qu'en la croisant le matin même, il lui avait rappelé cette entrevue entre M. Underwood et les nouveaux arrivants, entrevue à laquelle la jeune femme avait fortement insisté pour y assister. Et elle était en retard. C'était comme si tout le monde faisait son possible pour saboter son travail...
Les deux individus arrivèrent rapidement devant la porte, qui était ouverte, Sieghart bloquant le passage. A la vue du massacre, Harverset haussa un sourcil dédaigneux et s'indigna : "Ah misère, le barbare".
Sei, quant à elle, frôla Sieghart et entra dans la pièce. Elle resta dans le fond et s'adossa contre un mur, de manière à avoir une vue d'ensemble sans gêner davantage l'entrevue. Elle tenait son carnet de feuilles et un stylo, prête à consigner quelques notes intéressantes.
A l'extérieur, Harverset fulminait dans le couloir, toujours placé derrière le sauvage. Un tel comportement destructeur était tout bonnement intolérable ! Il comptait bien le lui signifier, lui faire réparer la porte. Mais, pour l'heure, il était question de laisser Monsieur Underwood s'exprimer. Harverset se retira donc, sans faire de commentaires.

Underwood prit une grande inspiration. Il leva son index comme pour signifier l'importance de ses propos. Mais aucun son ne sorti de sa bouche grande ouverte. Il resta figé ainsi quelques secondes. Puis ses yeux se tournèrent vers la porte d'entrée où Haverset et Sei venaient de faire leur apparition. Alors que Sei s'approchait, une mouche passa devant la bouche béante d'Underwood, suivie du regard par ce dernier.
" Hum... Mes amis voici Sei Tsukima, membre éminent de l'équipe scientifique chargée de l'étude de l'Altar. Je vous laisserai jeune Siro discuter de la question de l'autel avec cette spécialiste. Si cela ne vous dérange pas Sei. "
Underwood prit sa plume et nota sur son parchemin plusieurs séries de runes. Il trempa alors sa plume dans son flacon d'encre, sans se rendre compte que celui-ci était vide. Et il se mit à rédiger une lettre tout en parlant.
" Je vais vous demander un petit service à tous les cinq. Il s'agit en quelque sorte d'une petite mission, votre première. Grâce à laquelle vous vous familiariserez avec l'utilisation de la Grande Vergue et du Voyageur. "
Underwood avait écrit trois mots sur son parchemin, puis était tombé à cours d'encre. Il avait rédigé le reste de la lettre sans encre, ce qui la rendait illisible. Il roula le parchemin et le donna à Siro.
" Jeune Siro, vous livrerez cette lettre ainsi qu'un colis, à Clayton de la guilde des assassins à Salixwood. Vous dirigerez cette équipe de cinq personnes. J'ai cru comprendre que vous connaissiez bien les forets. Cela constituera votre première sortie de la bibliothèque. Ce voyage n'est pas sans risques, chacun d'entre vous devra être prêt. Vous devrez être revenu avant ce soir. Je vous donnerais tous les détails nécessaires à votre mission en temps utile. En attendant je vous laisse faire connaissance. Des questions ? "

Plutôt outré de cette obligation, Ernaru se sentit dépourvu d’une liberté qu’il affectionnait précieusement. Une mission? Pourquoi devrais-je faire cela? Ceci retarde grandement mes plans! Pensa-t-il, un sourcil relevé, songeur. Il brouilla cette idée noire alors que le vieil homme remettait un parchemin à ce Siro.

Suivre les ordres de quelqu’un qu’il ne connait pas, être avec des compagnons qu’il n’a jamais vus, il faut dire que le jeune Tregg n’était pas fou de joie. Son impatience et insatisfaction se reflétèrent par un pied tapant légèrement le sol, des bras croisés et une expression ennuyée.

Certains animaux sont plus empathiques que les hommes. C’est le cas de Steve L’Éclair. Il glissa jusqu’aux bras d’Ernaru et se mit à ronronner. Le rictus de colère s’effaça aussiôt et il commença à flatter son protégé félin se disant qu’un service en attire toujours un autre. Ainsi, il pourra demander à Underwood quelque chose en retour. Les livres par exemple.

L'expression de Ernaru était plutôt flagrante, et Underwood s'attendait bien à quelque chose du genre, pas uniquement de la part de Ernaru. " Vous prendrez en compte que ce n'est en aucun cas un ordre. Vous pouvez très bien refuser. Prenez le plutôt comme une opportunité pour sortir de la bibliothèque et visiter d'autres installations. " ajouta-t-il comme pour les rassurer.

-Bon, pour ma part, c'est bien. Je suivrai, euhm, Siro, c'est bien ça? Par contre, il faut savoir que je ne suis absolument pas un aventurier, encore moins un guerrier. Je suis un artisan, un forgeron pour être plus précis. Donc, je crois que ma part sera plutôt moindre puisque je n'aurai pas accès aux installations nécessaires à réparer ou forger quoi que ce soit. J'ai bien peur d'être plus un boulet qu'autre chose.

Ensuite, Ernaru se leva et replaça la chaise sur laquelle il s'était installé. Il passa un doigt sur le premier livre de la pile, pour en vérifier la poussière. Il tente de lire le titre, mais sans succès. En retirant la saleté de son index à l'aide de son pouce, il demanda à Mr. Underwood s'il pouvait emprunter des livres qui aurait quelconque information sur les locations qu'ils visiteront.

-Je ne suis peut-être pas un fameux combattant, mais je peux toujours m'informer et trouver la meilleure façon de voyager et les stratégies les plus fines, si cela peut aider.

Underwood fronca des sourcils alors que Ernaru parlait. Puis il lanca : " Je vois que vous prenez votre tache très à cœur brave Ernaru Tregg. Vous pourrez donc profiter du séjour dans la guilde pour vous renseigner sur les installations de forge. Lorsque vous contacterez Clayton, présentez vous et dites lui que monsieur Underwood vous recommande comme forgeron. Si c'est ce que vous souhaitez, vous aurez accès à toutes l'équipement qu'il vous faudra. "
Il marqua une pause, et lança un regard au premier livre trônant sur la chaise. Il s'agissait du premier volume d'une encyclopédie des potions éditée en quatre gros tomes de huit cent pages chacun. Il se racla la gorge tout en reportant son regard sur le forgeron. " Si des livres vous intéresse, je serais ravi de vous aider. Malheureusement je ne connais pas tous les titres de la bibliothèque. Je pense que Harverset pourra vous aider. "
Harverset était le majordome qui était venu quérir Tregg. Il n'en avait pas gardé un très bon souvenir.

Passif, silencieux, le jeune homme prenait des notes dans son esprit. Sur chaque individu il analysait le comportement. Il apprenait à les connaitre sans même qu'ils s'en rendent compte. Kerwynn savait, en arrivant dans cette pièce, que tout les individus ici avaient, ou auraient, un lien quelconque. Et les paroles de M. Underwood ainsi que de Siro confirmèrent ses pensés. Ainsi, il savait donc qu'en tant qu'équipe il fallait bien connaître ses coéquipiers afin que les forces des uns puissent palier à la faiblesse des autres.

Lorsque le vieil homme lui dit d'enlever les livres pour prendre place, il le fit sans gêne, déposant soigneusement les livres à un endroit où il n'y avait pas d'autres bordels. Puis il s'installa bien confortablement, à son aise, sur la chaise, d'un air particulièrement nonchalant quoi que très attentif. Puis, lorsque le temps fut à cela, il prit le collier et le mit à son cou sans hésiter, en pleine confiance. Suite à cela, il se leva puis s'étira quelque peu les muscles des bras. Il laissa parler les gens qui avaient quelque chose à dire, son regard bien sérieux au visage, de marbre et sans émotion distinguable. Finalement, après un court moment de silence, il prit la parole.


- Un homme qui déteste les autres comme chef, incapable de faire confiance aux gens, ou du moins, à moi. Ça me laisse un peu perplexe.


En effet, la petite rencontre qu'il avait eu avec Siro le laissait visiblement perplexe à ce que ce soit lui le chef de cette mission, bien qu'il ne s'y opposait pas plus. Sans doute Siro était le plus adapté à ce genre de situation, ou peut-être pas. Il n'en est pas moins qu'il enchaîna aussitôt, ne laissant point le temps d'ajouter quelque chose tout de suite à ses précédents dires.



- Ça, ainsi qu'une majorité qui semble non encline à respecter "l'autorité" du supposé dirigeant.. Ça risque d'être fortement amusant.


Il marqua une courte pause et regarda chacun des individus, un à un. Avant de revenir finalement vers le vieil homme, le mince sourire en coin qu'il eut durant ses derniers propos était disparu. C'était un visage sérieux qui se lisait en son expression facial. Il prit donc de nouveau la parole.


- Ceci dit, j'ai quelques questions. Premièrement, puisqu'il semblerait que ce soit notre première sortie à tous de cette bibliothèque, je suppose donc que nous sommes tous nouveaux en ces lieux.. De ce fait, est-ce que vous pourriez nous indiquer le chemin pour se rendre à cet endroit, et serait-il possible d'avoir une boussole à notre disposition ?


Il arrêta de parler de nouveau, le temps de laisser à son interlocuteur, soit M. Underwood, de répondre à sa question. Puis aussitôt cela fait, il enchaîna avec une suivante question. Évidemment, sa nature curieux le poussait à poser toutes ces questions, mais elles avaient bel et bien toutes un lien avec la mission. Ainsi, non seulement il satisfaisait sa curiosité, mais il augmenterait l'efficacité de celle-ci, aussi simple soit-elle.


- Ma deuxième question.. c'est; peut-on lire le contenu de cette lettre où nous ne devons pas savoir les propos qu'elle contient ? Et ma dernière question, s'adresse à Sei. Tournant donc le regard vers elle, il lui adressa ladite question.- Vous serez de la partie ?

Underwood fut assez offusqué par l'attitude inadaptée de Kerwynn et n'hésita pas à la lui faire remarquer. " Allons mon cher Clair-Mine, ne soyez pas si familier. Siro fera un excellent chef d'expédition, surtout en foret. Je ne vous voyais pas aussi railleur, vous me décevez. " Tout en parlant le magicien clignait nerveusement des yeux. Il se gratta la nuque énergiquement puis repris : " Quelle question inappropriée vraiment. Lorsque l'on livre une lettre, d'après vous, est il décent de l'ouvrir et d'en lire son contenu ? Et croyez vous réellement que je vous abandonnerais dans une foret sans vous indiquer clairement votre chemin ? Réfléchissez donc un peu avant de parler cher Caire-Bill. " Underwood enleva ses lunette et porta ses doigts sur ses yeux clos tout en fronçant les sourcils. On pouvait voir qu'il commençait a fatiguer. L'age sans doute. " D'autres questions ? " Soupira-t-il, l'air presque désespéré.

Ernaru, debout derrière la pile de livres, observa un moment le jeune homme sombre sans intérêt. Il écouta les questions qui ne l’intéressaient pas. Toutefois, sa bonne éducation l’oblige à ne pas interrompre une conversation. Cependant, lorsque Underwood demanda s’il y avait d’autres interrogations, Ernaru s’empressa de prendre parole.

-Oui. Euhm. Une simple et rapide : ce sera tout? J’aimerais m’entretenir avec, euhm, Harverset, il me semble.

Si tôt cette phrase prononcée, il commença son trajet vers la porte en plaçant son chat sur son épaule, sous sa chevelure lisse et noire. Ce dernier, heureux, mordilla une mèche après s’être agrippé convenablement.

-Si quelqu’un a besoin de moi, je suis au troisième étage, je laisserai ma porte ouverte pour connaître l’heure de notre départ. Au revoir.

Ensuite, il fixa directement l’aventurier dans le cadre. Il lui parla alors qu’il traversa l’embouchure.

-Oui. Euhm. Vous! Vous me semblez digne de confiance. Je devrai probablement transporter plusieurs livres. Puis-je quérir votre musculature pour ce transport?

Kerwynn hocha simplement la tête en direction de M. Underwood lorsque celui-ci répondit à ses interrogations, bien lentement. Aucune réaction à son visage malgré le mépris visible que M. Underwood portait à l'homme dont cette même personne changeait le nom à maintes reprises. Kerwynn l'avait remarqué depuis son entré, mais il n'en fit rien, visiblement. Il haussa donc finalement les épaules puis tourna il fit un demi-tour, toutefois incomplet, restant sur place pour le moment. Il garda la tête légèrement tourné vers le vieil homme et ajouta simplement d'une voix dénué de quelconque sentiments.



- Pas en ce qui me concerne. Avait-il dit juste avant Ernaru. En réponse à savoir s'il avait d'autres questions.


Il compléta donc son demi-tour pour se diriger vers la porte d'entrée. Il ne quitta cependant pas la pièce, allant plutôt se positionner contre le mur, croisant doucement les bras. Un très fin sourire en coin était lisible à ses lèvres. Son regard dévia ensuite vers Sei à savoir la réponse à sa question, c'est-à-dire si elle venait ou pas. Il ne pipa point mots, en silence, observant de nouveau chacun des individus, le sourire toujours aux lèvres. Il écouta l'homme au chat sans trop y porter d'attention cependant. Puis, lorsque ce dernier s'approcha de Sieghart, qui se trouvait devant le cadre de porte, alors que Kerwynn était sur le mur près de cette dite porte. Il ouvrit la bouche comme pour dire quelque chose, mais il se ravisa, préférant garder le silence, de toute évidence.


***Il devrait faire vite, puisque nous devons être de retour avant le soir.***



Pensa-t-il alors que son regard dévia vers divers ornements particuliers qui décoraient la pièce. Adossé au mur, les bras croisés, la jambes gauches un peu relevée, il attendait patiemment que les gens aient finit de faire connaissance. Comme le voulait le dirigeant de la grande bibliothèque, soit ce cher Underwood.

Sei observait la scène, silencieuse. Elle inscrivait quelques notes, sans grande conviction. Les nouvelles recrues étaient, de toute évidence, des solistes. Ils étaient en voie de connaitre le même sort que les générations antérieures d'aventuriers. Pourtant, Monsieur Underwood leur offrait une occasion en or, inespérée, d'avoir une chance supplémentaire d'y échapper. Allaient-ils la saisir ? Grande question.
Puis, Kerwynn lui adressa la parole. C'était plutôt inattendu. Elle qui n'était venue qu'en tant que spectatrice. Elle ne lui répondit pas immédiatement, laissant les aventuriers échanger entre eux. C'est quand il se déplaça et manifesta son attente, qu'elle hocha la tête négativement pour lui signifier que non, elle ne les accompagnerait pas. Personne d'autre ne devait les accompagner. Seuls des aventuriers de la bibliothèque pouvaient faire le voyage. C'était leur occasion, leur chance. Rien ne devait venir fausser l'évènement. Sei en avait conscience.